LES POTIERES DE TOULGOU

Canaris en attente de cuisson.

Dans les villes et les villages du Burkina, nombreuses sont les femmes qui exercent une activité artisanale pour se procurer un revenu qui leur permettra de payer la cotisation et les fournitures scolaires de leurs enfants, les vêtements, les soins de santé de la famille et d’améliorer la nourriture quotidienne avec des condiments pour la sauce ou parfois quelques légumes. En effet, traditionnellement le père se contente de fournir à sa ou ses femmes, les céréales qui sont la nourriture de base.

Certaines fabriquent du dolo, la célèbre bière de mil que les voisins viennent consommer en échangeant nouvelles et palabres ; d’autres tissent, fabriquent du savon, font de la culture maraichère comme l’envisagent les femmes de Naftenga, un village de la commune de Koupéla : elles attendent avec impatience que la commune finance le forage qui leur permettra d’utiliser le matériel pour la culture au goutte à goutte que leur a procuré l’association Rêves d’Ecole.

Chaque femme à tour de rôle extrait l’argile avec un pic.

A Toulgou, un village de la commune de Koupéla,on est potière, tout simplement car il y a  à côté du village, un gisement d’argile propre au façonnage de canaris, ces grands vases qui servent principalement à conserver les liquides. Le travail est dur et demande beaucoup de savoir faire : il faut commencer par extraire la terre. Chaque femme à tour de rôle descend dans le trou et avec un pic récolte de l’argile, remplit un récipient et quand elle est fatiguée, remonte sa terre qu’elle va déposer sur son tas et laisse la place à une autre. Cette extraction peut être dangereuse si on creuse trop sous un surplomb, il y a quelques années, un effondrement a provoqué la mort d’une femme.

Il faut éviter que se forme un trop grand surplomb. Chaque femme a son tas.

Les potières travaillent le matin quand il ne fait pas encore trop chaud mais la tâche peut se poursuivre alors que le soleil est déjà bien haut. Il faudra ensuite écraser la terre, la tamiser. Le façonnage se fait dans la concession (unité d’habitation d’une famille, composée de plusieurs cases autour d’une cour). Des sortes de moules demi sphériques ont été creusés et servent au modelage et au calibrage.

Cette demi.- sphère creusée dans le sol sert au modelage de la poterie.

Canaris en cours de séchage.

Quand on a un nombre suffisant de pièces réalisées, on passe à la cuisson : elle ne se fait que quelques fois par an, une dizaine pour les plus productives. Les pièces sont posées sur un lit de bouses de bovin et de bois, couvertes de brindilles et d’herbes sèches. La combustion ne dure que quelques heures. Ces canaris seront vendus sur le marché de Koupéla.

Malgré la multiplication des récipients en plastique, ces vases d’argile continuent à être appréciés car ils conservent l’eau de boisson fraiche.

Nous remercions la famille qui a accepté de nous expliquer ce travail et Joseph Dambré qui nous a guidés dans le village.

Bernadette Borel

Le combustible pour la cuisson.

Enfant se désaltérant avec l’eau du canari près de la case de sa mère. Grâce à la porosité du vase, l’eau reste fraîche.

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