Contre les ordures à Koupéla : la Mairie et les balayeuses de Wum Taaba

Sur la rue centrale, 2 femmes de Wum Taaba avec leur charrette.

Ce sont elles qui sont en haut de la page, sur le bandeau, posant fièrement avec leur balai fin 2007. On n’en voit qu’une petite partie car elles dépassaient alors la centaine ; il en reste aujourd’hui une soixantaine qui nettoie environ 4 jours par semaine le site du marché, la gare routière, la cour de l’hôpital et celle de la mairie, une partie de la rue centrale. Dès 4 heures du matin, elles sont au travail et après leur passage ces lieux sont vraiment propres. Elles passent aussi chez les particuliers collecter les ordures ménagères pour 500FCFA (0,76€) par mois pour 4 passages.

La Mairie de Koupéla, consciente du problème que posent les déchets, les a appuyées, leur procurant des charrettes et des ânes ; aujourd’hui elle verse à l’association 600 000FCFA par an soit 10 000FCFA (environ 15€) par femme.

Une rue adjacente de Koupéla

Pendant l’été 2009 de jeunes grignerots en séjour à Koupéla, en coopération avec des koupéliens installent des poubelles dans des lieux publics et essayent de faire un peu de sensibilisation. La Municipalité poursuit la réflexion et demande le soutien du comité de jumelage Grigny-Koupéla. Au cours de l’année 2011 seront financés l’achat d’un tracteur pour le transport des détritus, de matériel pour les balayeuses : balais mais aussi pelles, rateaux, gants, bottes, masques, 3 ânes nommés Robert et André, en février le troisième s’est retrouvé baptisé Jean !  une formation aux risques de ce métier a concerné  30 femmes , et les membres du bureau ont été perfectionnés dans le fonctionnement d’une association. Pour sa part la Mairie a embauché un chauffeur mécanicien pour le tracteur, créant ainsi un emploi pérenne. Elle poursuit ses efforts et crée à 8 km du centre une décharge clôturée qui est opérationnelle depuis le début de 2013.

Le tracteur qui transporte les ordures à la décharge à 8 km.

La gestion des ordures est un problème complexe, on le voit chez nous, alors imaginez en Afrique. A Koupéla, la réflexion et l’action ont commencé, c’est loin d’être le cas dans de nombreuses communes. Les problèmes à régler sont donc nombreux et importants:

  • Très peu de citoyens ont compris qu’ils étaient concernés par la question et devaient participer en ne jetant pas dans la rue ce qui les encombre : les cours sont propres mais la rue n’est à personne …. Ceux qui le peuvent, rechignent à payer leur contribution pour faire enlever leurs déchets et exigent qu’on leur fournisse une poubelle. Il y a une énorme campagne de sensibilisation à mener et renouveler par tous les canaux disponibles : radios, associations, écoles, etc …
  • La décharge est en pleine campagne, dans un lieu encore préservé de plastiques mais pas pour longtemps, à la première tornade, les champs plantés de karités qui l’entourent seront contaminés. Il faudrait pouvoir trier et recycler mais la filière est embryonnaire au niveau de la capitale, inexistante ailleurs et très peu rentable.

    La décharge en pleine campagne à Zaogo

  • Les balayeuses de Wum Taaba travaillent pour presque rien : en plus de la participation municipale, elles arrivent les mois fastes à attribuer à chacune 1 500FCFA (un peu plus de 2€) provenant des cotisations des quelques habitants abonnés au ramassage de leurs ordures et des contributions difficilement consenties par les commerçants du marché et des boutiques qui l’entourent. Elles ont beaucoup de mal à mettre de côté l’argent pour le renouvellement du matériel et pour la nourriture des ânes. Elles risquent de se lasser d’exercer cette activité pénible mais oh combien importante.

Le comité de jumelage entend continuer à accompagner la ville de Koupéla dans sa réflexion et son action pour améliorer la gestion des déchets. Le plan triennal de coopération que nous souhaitons mettre en place, comprendra un volet assainissement qui concernera les latrines mais aussi ce problème des déchets.

Bernadette BOREL

Les femmes de l’association Wum Taaba à la fin du nettoyage du marché.

 

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